Enquête réalisée en ligne le 10 avril 2022. Échantillon de 6 523 personnes inscrites sur les listes électorales, issu d’un échantillon de 7 171 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de l’interviewé(e), taille d’agglomération, et vote aux élections antérieures.

Que retenir de cette enquête ?

Dans le cadre de ce premier tour de l’élection présidentielle d’avril 2022, les proches d’un syndicat ont voté en priorité pour le trio arrivé en tête auprès de l’ensemble des électeurs : 27 % des proches d’un syndicat ont voté pour Emmanuel Macron, 27 % pour Jean-Luc Mélenchon et 20 % pour Marine Le Pen. Par rapport à l’ensemble des Français, ils ont donc tendance à se déclarer un peu plus que la moyenne en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Les résultats sont similaires lorsque l’on se concentre sur les proches d’un syndicat de salariés : le candidat de la France Insoumise arrive en tête avec 28 % des suffrages exprimés, suivi par Emmanuel Macron avec 27 % des voix et par Marine Le Pen avec 21 % des voix. Si cette dernière est légèrement en retrait par rapport aux deux autres candidats, elle réalise néanmoins une percée auprès des proches d’un syndicat de salariés par rapport à 2017 (+8 points). De même, cette progression de la candidate du Rassemblement national est très notable auprès des personnes proches d’un syndicat patronal : 20 % d’entre elles déclarent avoir voté en faveur de Marine Le Pen, contre 8 % en 2017, ce qui permet à cette dernière de dépasser Valérie Pécresse (19 %) et d’arriver en 2ème position derrière Emmanuel Macron (28 %). Il s’agit d’un changement majeur, puisqu’en 2017, près de 6 proches d’un syndicat patronal sur 10 avaient voté en faveur de François Fillon (58 %), très loin devant Emmanuel Macron (21 %). En ce premier tour de l’élection présidentielle 2022, le vote syndical semble donc s’être consolidé autour de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron et s’être renforcé pour Marine Le Pen.

Candidat arrivé en tête auprès des proches d’un syndicat de salariés (28 %, un niveau équivalent à celui de 2017), Jean-Luc Mélenchon s’impose au détriment des autres candidats de gauche : 5 % d’entre eux déclarent avoir voté pour Yannick Jadot, 4 % pour Fabien Roussel et 3 % pour Anne Hidalgo (notons que l’ancien candidat socialiste Benoît Hamon était crédité de 11 % des voix des proches d’un syndicat de salariés). Dans le détail, Jean-Luc Mélenchon obtient les suffrages de 51 % des sympathisants de Sud-Solidaires, 42 % de ceux de la FSU et 42 % de la CGT. Les proches de ces trois syndicats, qui avaient déjà exprimé une préférence pour lui lors de la dernière élection présidentielle, le placent donc à nouveau de très loin en tête avec des scores équivalents à 2017 (sauf dans le cas des sympathisants CGT, puisque 8 % de ces derniers ont choisi le candidat communiste Fabien Roussel). Á cela s’ajoute une hausse des suffrages pour lui au sein de l’UNSA (24 %, +8 points depuis 2017) et de la CFTC (18 %, +11 points depuis 2017). En dépit du nombre des candidats à gauche, Jean-Luc Mélenchon bénéficie donc d’une stabilité, voire d’une hausse des votes en sa faveur parmi les sympathisants de plusieurs syndicats de salariés, les proches d’un syndicat patronal ne lui attribuant quant à eux que 10 % de leurs suffrages. Á noter néanmoins une légère baisse de Jean-Luc Mélenchon parmi les sympathisants Force Ouvrière (-3 points).

Les autres candidats de gauche peinent donc à convaincre face à Jean-Luc Mélenchon. Globalement, ils obtiennent entre 1 et 5 % des votes des sympathisants de syndicats de salariés. On peut tout au plus noter que Yannick Jadot obtient près de 10 % des suffrages des sympathisants de la CFDT (9 %), de Sud-Solidaires (8 %) et de la FSU (8 %), quand Fabien Roussel obtient 8 % des votes des sympathisants de la CGT et 6 % de ceux de Sud-Solidaires. Remarquons que la même dynamique est à l’œuvre chez les candidats de droite. Face à la percée de Marine Le Pen dans le vote syndical, les autres candidats, que ce soit Valérie Pécresse, Nicolas Dupont-Aignan, Eric Zemmour ou encore Jean Lassalle, récoltent peu de suffrages auprès des proches des syndicats de salariés. En particulier, Valérie Pécresse, compte tenu d’un faible score national, ne parvient pas à conserver la 1ère place obtenue en 2017 par François Fillon auprès des proches de la CFTC et de la CFE-CGC (elle parvient à peine à conserver 10 % des suffrages de ces derniers).

Si elle continue à être choisie avant tout par les personnes qui ne sont proches d’aucun syndicat (27%), Marine Le Pen bénéficie, on l’a vu, d’une sympathie partagée à la fois par les proches de syndicats patronaux (elle obtient 20% des voix de ces derniers) et de ceux des syndicats de salariés (21%). En particulier, les sympathisants Force Ouvrière expriment leur préférence pour Marine Le Pen : 31% déclarent avoir voté pour elle, devant Jean-Luc Mélenchon (29%) et Emmanuel Macron (17%). La candidate du Rassemblement national est également appréciée parmi les sympathisants CFTC, dont elle arrive en tête des votes (29%, contre 27% pour Emmanuel Macron). Elle obtient également 22% des suffrages des sympathisants de la CGT, loin derrière Jean-Luc Mélenchon, mais loin devant tous les autres candidats. De plus, la candidature d’Éric Zemmour ne semble pas avoir porté atteinte à la popularité de Marine Le Pen : celui-ci récolte des scores inférieurs à elle auprès de l’ensemble des sympathisants syndicaux, son maximum étant de 10% chez les sympathisants d’un syndicat patronal et 9% chez les sympathisants de la CFTC.

Le Président de la République sortant, quant à lui, arrive en tête des proches d’un syndicat patronal (28%) et obtient les suffrages de 27% des proches de syndicats de salariés, juste derrière Jean-Luc Mélenchon. Mais avec des positions très variables selon les syndicats : si celles-ci sont plutôt faibles auprès des sympathisants CGT et Sud-Solidaires, 44% des sympathisants de la CFDT déclarent avoir voté pour lui, 44%également parmi ceux de la CFE-CGC et 28% parmi ceux de l’UNSA. Il se situe en tête des suffrages des proches de ces trois syndicats, et arrive en seconde position auprès des sympathisants de la CFTC (27%), juste derrière Marine Le Pen.

Finalement, le vote des sympathisants de syndicats s’est concentré autour d’Emmanuel Macron, de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, à l’image du résultat national du scrutin, les autres candidats se partageant les miettes. Seule Valérie Pécresse se distingue légèrement avec 19% des votes des personnes proches d’un syndicat patronal. Si Jean-Luc Mélenchon bénéficie avant tout de la préférence des sympathisants proches de syndicats de salariés (qui, à la marge, votent également un peu plus que la moyenne pour les autres candidats de gauche), les personnes ne se déclarant proches d’aucun syndicat ont tendance à voter davantage pour des candidats situés sur la partie droite de l’échiquier politique, Marine Le Pen et Emmanuel Macron ayant des suffrages davantage répartis auprès des sympathisants de syndicats de salariés, de syndicats patronaux, et de personnes sans affinité déclarée pour un syndicat.

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Sylvie Caron
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