Interopérabilité dans l'UE : voici les axes pour un accès et un échange sécurisés des données


Interopérabilité dans l'UE : voici les axes pour un accès et un échange sécurisés des données
Le règlement sur l'interopérabilité européenne préconise le principe d'unicité de traitement pour les services qui traitent des données transfrontalières.

La numérisation du secteur public au niveau européen nécessite des conditions d’interopérabilité optimales entre les différentes entités de différents pays, afin de fournir le niveau le plus élevé de garanties pour l’accès transfrontalier et l’échange de données. Le règlement sur l’Europe interopérable jette les bases d’une plus grande sécurité dans les relations juridiques entre les différents États.

La promotion des services publics numériques transfrontaliers, conformément aux droits et aux valeurs de l’Union européenne – en particulier ceux liés à la libre circulation des personnes – est l’une des principales tâches du règlement (UE) 2024/93 du Parlement européen et du Conseil du 13 mars 2024 (LA LEY 6321/2024), le règlement sur l’Europe interopérable. Ce règlement, qui est directement applicable dans l’ensemble de l’Union européenne à compter du 12 juillet 2024, établit des mesures visant à garantir que les administrations publiques disposent d’un niveau élevé d’interopérabilité, en vertu du principe du « only once » (une seule fois).

L’interopérabilité des services publics européens présente un certain nombre d’avantages, en particulier axés sur la simplification administrative, afin d’éviter d’avoir à soumettre à plusieurs reprises la documentation détenue par l’administration dans différentes entités. Selon le Secrétariat d’État au Numérique et à l’Intelligence artificielle, cela se traduit dans les aspects suivants :

  • L’interconnexion des registres électroniques des procurations et la soumission de documents aux organismes publics.
  • L’échange de données, de documents et de fichiers dans l’exercice des compétences respectives.
  • Le développement de services avancés et personnalisés basés sur l’échange d’informations, tels que le dossier citoyen.

Le règlement prévoit également un certain nombre d’exigences communes pour faciliter l’intégration de différentes sources de données ouvertes, afin que les informations publiques provenant des administrations puissent être réutilisées avec les garanties nécessaires par la norme technique pour l’interopérabilité des ressources d’information.

Services publics numériques transfrontaliers

L’adoption d’un cadre réglementaire pour soutenir et réglementer l’échange de données par le biais de systèmes interopérables au niveau européen facilitera la consolidation des services publics numériques transfrontaliers dans l’ensemble de l’UE. L’accent est mis sur la libre circulation des personnes et l’élimination des obstacles juridiques à l’intérieur de l’Europe, quel que soit le pays dans lequel ils résident, que ce soit pour des raisons professionnelles ou d’études. Le texte réglementaire définit les exigences juridiques, organisationnelles, sémantiques et techniques en matière d’interopérabilité transfrontalière.

Son contenu a un impact sur les services publics numériques transeuropéens, c’est-à-dire ceux qui nécessitent une interaction au-delà des frontières des États membres par le biais de leurs réseaux et de leurs systèmes d’information. L’objectif de cette initiative est d’accélérer les procédures de changement de résidence dans un autre État membre, la reconnaissance des diplômes universitaires ou des qualifications professionnelles, l’accès aux données de santé et de sécurité sociale, dans le cas des personnes physiques.

Et dans le cas des personnes morales, l’interopérabilité des administrations publiques pourrait accélérer l’échange de données fiscales ou d’autres informations nécessaires pour participer, par exemple, à un appel d’offres pour les marchés publics.

Parmi les mesures envisagées, les plus importantes sont les suivantes:

  • Évaluation de l’interopérabilité. À partir de janvier 2025, le règlement oblige les organismes publics européens et nationaux à effectuer une évaluation avant de prendre des décisions sur les services publics numériques transeuropéens. Le résultat de l’évaluation sera publié sur un site web officiel et dans un format lisible par machine facilitant la traduction automatique.
  • Publication de solutions. Les solutions d’interopérabilité prenant en charge un service public numérique transeuropéen doivent être partagées par les entités sur le portail Europe interopérable (qui remplacera le portail Joinup). Cela inclut également la documentation technique, le code source et les références aux normes ouvertes ou aux spécifications techniques qui ont été utilisées. Toutefois, des limites sont imposées à cette obligation relative aux droits de propriété intellectuelle en faveur de tiers.
  • Création de bacs à sable. Les organismes publics sont habilités à créer des bacs à sable, c’est-à-dire des espaces contrôlés pour les tester l’interopérabilité. Les données à caractère personnel gérées dans ces locaux doivent être contrôlées par l’autorité de contrôle compétente. Cette mesure vise à promouvoir l’innovation et la coopération dans un contexte de sécurité juridique et de favoriser le développement de solutions d’interopérabilité dont les défis et les opportunités sont déjà compris.
  • Création d’un comité de gouvernance. Cet organe sera composé de représentants des États membres et de la Commission, qui le présidera. Il sera chargé de fixer les critères d’évaluation de l’interopérabilité, de faciliter le partage des solutions d’interopérabilité, de contrôler leur cohérence et de développer le cadre européen d’interopérabilité, entre autres fonctions.
  • Désignation de l’autorité étatique. Les États membres devront désigner au moins une autorité compétente pour l’application du règlement au plus tard le 12 janvier 2025. Cette autorité devra coordonner la mise en œuvre du règlement, soutenir la mise en œuvre de l’évaluation dans les organismes publics et promouvoir la réutilisation des solutions d’interopérabilité, entre autres tâches.

En promouvant l’interopérabilité des administrations publiques au niveau européen et au niveau de national, l’objectif est de garantir l’efficacité dans l’exécution des procédures sur les différents territoires avec des garanties juridiques complètes. En outre, il est conforme au règlement (UE) 2022/868 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2022 (LAEY 12215/2022) relatif à la gouvernance européenne des données ou au règlement sur la gouvernance des données en ce qui concerne la réutilisation des informations générées par les entités publiques dans l’exercice de leurs fonctions.

Ilier Navarro
Journaliste - Journal LA LEY