« IA vs RH » par Sia Partners : Comment l’IA va révolutionner l’individualisation des parcours de formation


Comment l’IA va révolutionner l’individualisation des parcours de formation
Chaque mois, les experts du cabinet de conseil Sia Partners décryptent pour Liaisons Sociales la révolution de l'intelligence artificielle (IA) et son impact sur les ressources humaines. Dans cette chronique, Sébastien Vernède, associé RH & Transformation, et Camille Ruimy, manager RH & Transformation, explorent le potentiel de l'IA dans le domaine de la formation et du développement des compétences.

La formation est unanimement considérée comme un levier incontournable de la stratégie d’entreprise, permettant aux collaborateurs de développer les compétences nécessaires aux évolutions des organisations, des technologies et des métiers. Pourtant, le constat reste sans appel : malgré des investissements conséquents, elle souffre d’un déficit d’image et n’arrive pas à susciter l’engagement durable des collaborateurs : manque de temps, d’intérêt, offre inadaptée. Et si l’IA était la solution pour réconcilier les collaborateurs avec la formation ?

Dans ce domaine, l’IA ouvre des perspectives prometteuses, en permettant par exemple une approche personnalisée de la formation en entreprise. Explication en deux points.

1. L’adaptive learning : l’individualisation des parcours de développement des compétences à portée de main

L’adaptive learning, facilité par l’IA, consiste à personnaliser le parcours de développement des compétences des salariés : à partir de questionnaires dit « adaptatifs » (c’est-à-dire qui modulent les questions en fonction des réponses apportées), l’algorithme est en mesure de dresser un diagnostic des compétences de l’apprenant, d’identifier celles à renforcer, et de recommander les formations les plus adaptées à son profil. C’est là que réside toute la puissance de l’adaptive learning : le collaborateur se voit proposer des ressources en fonction de son niveau de compétences sur un sujet ou domaine donné, mais aussi en fonction des formations suivies par ses pairs et d’autres collaborateurs qui lui ressemblent. Il peut alors suivre un parcours sur-mesure compte tenu des compétences prioritaires à adresser, de ses centres d’intérêts ou encore de ses modalités préférées. Au fur et à mesure de ses progrès, son diagnostic de compétences se met à jour en temps réel.

Et le terrain de jeu est vaste : développement des compétences, ancrage mémoriel, préparation d’une mobilité… A chaque objectif, l’adaptive learning fournit une proposition claire du chemin à parcourir.

La promesse est alléchante, et l’expérience apprenant n’en est que meilleure. Avec l’individualisation des parcours de formation mettant en avant uniquement des contenus ciblés, on a peut-être trouvé la recette pour optimiser le temps passé en formation et améliorer l’engagement les collaborateurs.

2. Une opportunité pour les entreprises, un défi pour les DRH

Cette révolution au sein de la formation interroge le rôle des DRH dans cette transformation.

L’adaptive learning n’est pas un effet de mode, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour l’expérience des salariés en matière de learning. Si aujourd’hui l’expérience de formation peut parfois paraître poussiéreuse, les entreprises qui rateront le virage risquent de rapidement perdre en attractivité auprès des salariés toujours plus en attente de personnalisation. Il est donc urgent pour les DRH de s’emparer du sujet, de l’appréhender et de se l’approprier.

Il invite les DRH à reconsidérer leurs modes de fonctionnement : parce qu’il rompt avec le paradigme classique plaçant la formation en bout de chaîne – souvent suite aux entretiens d’évaluation annuels – à la faveur d’une approche plus dynamique, agile et continue ; et replace le développement des compétences au cœur de la stratégie RH. C’est aussi l’occasion de lui redonner ses lettres de noblesse, devenant ainsi un puissant outil au service de la marque employeur.

Si l’on considère par ailleurs que l’une des principales préoccupations des DRH est de mesurer l’efficacité de leurs politiques, l’adaptive learning donne l’opportunité d’améliorer la performance de la fonction formation en mettant en place un pilotage rapproché de l’offre : proposer des formations véritablement adaptées au besoin, en identifiant les modules les plus consommés et a contrario les moins plébiscités (voire obsolètes), et ainsi permettre un meilleur pilotage des coûts, de l’efficience de l’offre et de la satisfaction des utilisateurs.

L’adaptive learning a donc de beaux jours devant lui, et preuve en est son placement dans le top 3 des préoccupations des DRH en 2023 (1). Il présente des avantages à trois niveaux : pour l’apprenant, qui bénéficie d’une expérience individualisée, pour la fonction formation et la DRH, qui gagnent en performance, et pour l’entreprise, qui fidélise ses collaborateurs et valorise sa marque employeur. S’il vient bouleverser les représentations habituelles et les usages actuels de la formation, c’est pour mieux ancrer un changement durable initié par l’IA et qui ouvre un champ des possibles considérable dans le domaine du développement des compétences.

 

(1)Baromètre international Cegos 2023 « Transformation, compétences et learning »

Sébastien Vernède
Associé RH & Transformation chez Sia Partners
Camille Ruimy
Manager RH & Transformation chez SIA Partners