Guillaume Deroubaix a d’abord rappelé que ce forum vise à « penser autrement l’avenir de notre écosystème du droit ». Lamy Liaisons étant une « institution du monde de l’information juridique reconnue tant par l’excellence de ces contenus experts que pour son rôle de pionnier dans l’application des technologies du droit ».
Par « ses racines profondes, ancrées dans l’histoire et l’innovation », Lamy Liaisons est un « acteur majeur de l’information et de la legaltech en Europe ».
Dernièrement, Lamy Liaisons a développé une nouvelle architecture de marque autour de quatre pôles clés : Lamy Liaisons Solutions, Lamy Liaisons Académie, Lamy Liaisons Communauté, et enfin, Lamy Liaisons Prospective. Le Forum des Éclaireurs du Droit s’inscrit dans ce pôle Prospective où nous explorons ensemble « les territoires du futur ».
Guillaume Deroubaix souligne qu’un forum est un « espace d’échange, où les idées se confondent, s’enrichissent mutuellement, parfois dans la divergence ». C’est précisément cette richesse qui est recherchée.
Le terme d’éclaireur recèle « une dualité qui caractérise notre démarche. « Les éclaireurs sont ceux qui, sur un champ de bataille, s’aventurent en territoire inconnu, explorent les possibles, anticipent les obstacles pour préparer l’action » mais, ils sont également « porteurs de lumière, d’intelligence dans une obscurité / une incertitude qu’on connait aujourd’hui dans le monde qui émerge ».
Il poursuit : « Le juriste de demain ne sera pas simplement augmenté par l’intelligence artificielle, il sera éclairé par cette technologie, c’est-à-dire qu’il sera capable de voir plus loin, de comprendre plus profondément ». Le forum s’inscrit dans cette volonté.
Une initiative qui célèbre les vertus de « l’intelligence collective »
Guillaume Deroubaix ajoute que « nous affrontons peut-être la métamorphose la plus profonde qu’ait jamais connu la pratique du droit, catalysée par la puissance transformatrice de l’intelligence artificielle et, plus particulièrement, de l’IA générative ».
Le forum propose ainsi deux mouvements essentiels, un pas de côté et une prise de hauteur :
- Un pas de côté, puisque Lamy Liaisons a « l’intime conviction que les juristes ne pourront résoudre seuls les défis inédits qui se présentent ». Une « approche pluridisciplinaire » semble nécessaire. Ainsi, le forum accueille des intervenants juristes, mais aussi économistes, sociologues, chefs d’entreprise, ingénieurs, ou d’autres experts. « Ensemble, ils nous aideront à penser cette métamorphose sous des angles multiples » ;
- Une prise de hauteur, car la réflexion de ce forum s’articule autour de quatre défis fondamentaux : la confiance, la transmission du savoir, la prise de risque et le leadership. « Nous ne sommes ni IA-béa ni techno-réfractaire. Nous considérons qu’il est non seulement légitime, mais nécessaire d’interroger le pouvoir des machines, de définir leurs limites ».
Lamy Liaisons – Karnov Group croit profondément au « potentiel transformateur de cette technologie et encourage les innovations qu’elle rencontre ». Son apparition a été soudaine cependant, le temps n’est pas à la précipitation mais plutôt à l’apprentissage, à la formation tant des professionnels que des étudiants en droit et à la compréhension profonde de cette technologie.
L’objectif serait de « réconcilier le rationnel et l’émotionnel » pour que la technologie amplifie notre humanité plutôt que la diminue.
Ce forum cherche à « mieux comprendre collectivement les enjeux qui se dessinent pour mieux agir demain dans un monde transformé ». Effectivement, Guillaume Deroubaix conclut que « c’est bien là notre responsabilité partagée ; non seulement nous adapter au changement mais le façonner activement, l’orienter vers un avenir du droit où le droit continuera d’être le gardien de nos valeurs communes » afin d’acquérir « un droit qui arrive par la technologie mais qui reste toujours guidé par la sagesse humaine ».
« Le défi, c’est avant tout l’avenir »
Marie-Anne Frison-Roche a ensuite poursuivi les propos introductifs de ce Forum. « Nous, juristes, sommes des gens d’ordre qui aimons que les choses restent bien rangées. Est-ce qu’il ne faudrait pas assumer de se dire qu’il va peut-être y avoir du radicalement nouveau, pas seulement l’IA mais, peut-être éventuellement, assumer que ce qui guette nos États, nos pays, notre population c’est qu’il n’y aurait plus de droit », s’interroge-t-elle, notamment au regard des dernières actualités américaines.
Elle poursuit en expliquant que ce qui détruit le droit « c’est le droit lui-même à travers les réglementations ». Effectivement, on se situe dans un contexte entouré de puissances de toute nature pour lesquelles le droit seul ça n’existe pas mais qui ont le pouvoir réglementaire. Alors, dans ce contexte historique, « les juristes doivent dire non, et exprimer une matière qui s’appelle le droit et qui ne peut pas ne pas exister ».
Effectivement, « on peut raffiner, on peut s’adapter, on peut faire des compromis mais, on ne peut pas dire que le droit n’existe pas » souligne Marie-Anne Frison-Roche. Selon elle, « si le droit n’existe plus alors les êtres humains sont abandonnés à la force ».
Une définition commune de la justice réunissant les professionnels du droit
Ce forum est l’occasion pour les juristes et professionnels de se réunir autour de notre valeur, commune qu’est le droit.
« Je suis devenue juriste pour qu’il y ait un peu moins d’injustice dans le monde, explique Marie-Anne Frison-Roche. Et ça, je pense que c’est ce qui fait un ciment tellement fort, que si c’est ça l’avenir, alors il faut que les juristes en Europe, aux États-Unis, dans les pays scandinaves, en Afrique, qui ressentent cela, et qui et doivent dire : nous, depuis toujours c’est notre tradition, c’est ce que nous transmettons, c’est nous qui avons les instruments pour cela, nous qui avons les actes pour ça, nous qui avons les jugements pour ça, et cela, nous le défendrons ».
L’oratrice poursuit en soulignant « je ne sais pas si cela s’appelle du leadership » mais c’est parce qu’ils sont animés par cette définition de ce qu’est la justice que cette communauté de juristes existe et qu’elle est simple à défendre et à transmettre. « Nous devons soutenir la parole donnée, le jugement rendu, la loi adoptée, c’est-à-dire ce qui fait la civilisation. Alors, si les algorithmes aident, merci. Mais ce qui nous unit, c’est une affaire humaine, c’est la civilisation et la protection des êtres humains ».
Les enjeux du forum seraient, dans cette perspective, d’« entendre l’unité de cette voix », de visualiser le « rapport entre cette science qu’est le droit et cette technologie qui tourbillonne » et de rechercher comment, face à toutes ces vociférations, « le calme du droit pourrait s’opposer à cela ».
« Le droit peut dire non, aider à dire non. La technologie l’aidera à le faire », a-t-elle conclu.