Stéphane Baller : Voilà pourquoi avec Lamy liaisons, notre nouveau partenaire, nous installons dans un studio où vous allez pouvoir voir vos invités. Et pour ce premier épisode, on a un invité d’exception, Frédéric Donieu de Vabre. Bonjour Frédéric.

Frédéric Donieu : Bonjour Stéphane.

Stéphane B : Merci beaucoup de revenir devant une caméra. Vous avez immédiatement répondu présent quand je vous ai passé le brief de l’émission, d’ailleurs même sans le brief, et vous avez sauté à pied joint. Pourquoi cette passion pour le futur ?

Frédéric D : Je ne sais pas si c’est une passion pour le futur, c’est en tout cas une longue expérience dans la fiscalité qui, comme on le verra, est en mutation très profonde. Je trouve que c’est intéressant de se projeter un peu vers l’avenir, ce que peut devenir cette fiscalité.



Stéphane B : Vous l’avez montré en créant Arsène Taxand, qui était un modèle full fiscalité, ce qui à l’époque était incroyable. Vous avez pris un petit peu de recul par rapport à Arsène et assuré la transmission de la gouvernance.

Frédéric D : Voilà. J’ai transmis à 5 ans maintenant, conformément à ce qui était prévu depuis l’origine dans nos statuts. J’ai transmis la responsabilité du cabinet à un associé beaucoup plus jeune que moi, mais qui était là dès le premier jour. J’ai continué à exercer mon métier de conseil fiscal auprès d’entreprises de tout profil, très grande, moyenne ou plus petite. Je le fais toujours avec des jeunes associés ou futurs jeunes associés dans l’optique de leur transmettre ces opportunités, un peu d’expérience. Je manage toujours le réseau international qui fait partie du dispositif et probablement des sujets dont on va parler.



Stéphane B : L’évolution de la fiscalité est un élément important, très international et loin d’être domestique même si le débat aujourd’hui nous centre un peu sur nos finances publiques. Si vous en êtes d’accord, on va prendre deux mouvements : votre vue aujourd’hui des grands éléments de la fiscalité puis on passera à la prospective. Aujourd’hui, après une trentaine d’années de fiscalistes, qu’est-ce qui est plutôt mieux qu’avant et qu’est-ce qui est plutôt moins bien qu’avant ?

Frédéric D : D’abord, ce n’est pas 30 ans mais 42 ans, ce qui ne change pas le fond du sujet mais change la perspective de l’expérience. Je dirais que la fiscalité n’est plus un jeu. Au début, il y a une quinzaine d’années, il y avait quand même quelque chose de ludique. Le rôle d’un fiscaliste externe ou interne, probablement un peu plus externe qu’interne, c’était vraiment d’apporter des solutions techniques, raffinées, sophistiquées, qui généraient énormément de valeur immédiatement. Aujourd’hui, on est dans une logique de recherche d’un bon équilibre.



Frédéric D : L’administration fiscale procède à des réassessments sur des montants très élevés. La pression des autorités fiscales est très forte en France et ailleurs. L’internationalisation est de plus en plus prégnante. La coopération entre les administrations fiscales est une réalité quotidienne. Les États échangent beaucoup plus d’informations, et il y a une espèce d’harmonie des règles, notamment avec les prix transfer. Les États se parlent dans le cadre de contrôles fiscaux, ce qui influence considérablement les opérations fiscales.



Frédéric D : Il y a une recherche d’un bon équilibre entre l’entreprise citoyenne, ses actionnaires, ses créanciers et ses salariés. La responsabilité aujourd’hui est de gérer cet équilibre. Les moyens utilisés par les États ont énormément changé, notamment avec les perquisitions fiscales fréquentes, qui influent sur la gestion fiscale.



Frédéric D : La gestion fiscale va continuer à évoluer avec une augmentation de la spécialisation, de l’internationalisation et de l’utilisation des données. Mon rêve aurait été de créer un label de bonne gestion fiscale internationale, qui pourrait être donné par des conseils externes, certifiant ce bon équilibre entre entreprise citoyenne et respect des actionnaires et employés.



Stéphane B : Et voilà. Merci beaucoup Frédéric pour votre confiance et d’avoir répondu aussi rapidement à notre demande. Un grand merci aux équipes de Lamy liaisons. On espère vous retrouver prochainement. À très bientôt.